Roquette mise sur Azure OpenAI Service à l’ère de l’IA générative

De l’emballement suscité par la technologie à la création d’un chatbot interne, il n’y a qu’un pas

RoqGPT est né d’un constat : l’engouement effréné des collaborateurs pour ChatGPT. « Cette application a rapidement provoqué l’intérêt de nos salariés. En quelques mois, au moins 500 d’entre eux avaient testé la version en ligne » explique Pierre-Louis Bescond, Responsable des projets Data et IA. Cet enthousiasme incite alors l’entreprise à étudier comment intégrer cette technologie sans compromettre le niveau de confidentialité des données élevé auquel elle est soumise. « Nous voulions éviter à tout prix que les questions posées via cet outil puissent être divulguées voire utilisées pour réentraîner de futurs modèles », ajoute Mathieu Klimczak, Lead DevOps au sein du département Data & Advanced Analytics. 

Le groupe décide alors de mettre au point son propre chatbot d’IA générative : RoqGPT. Le cahier des charges ? Offrir les mêmes applications conversationnelles que ChatGPT, et plusieurs fonctionnalités supplémentaires. Quant aux prompts et réponses générés par ce nouvel outil, ils ne seront accessibles qu’aux utilisateurs finaux, avec un niveau de confidentialité renforcé.

Au même moment, Microsoft commercialise Azure OpenAI, une aubaine pour le groupe qui saisit l’occasion. « L’ensemble de notre infrastructure s’appuyait d’ores et déjà sur Azure, il nous a donc semblé évident de miser une nouvelle fois sur ces technologies. » déclare Pierre-Louis Bescond. La maturité du produit retient également l’attention : « Avec Microsoft et Azure OpenAI, nous avons accès aux Large Language Models les plus performants du marché actuellement, ce qui revient à proposer à nos employés un outil interne aussi puissant que ChatGPT. De plus, l’intégration de ces technologies au sein de notre stack s’est faite en quelques heures. » Autres atouts de taille : le haut niveau de sécurité – natif dans Azure – et la prise en compte des problématiques de développement durable. « Grâce au système d’API d’Azure, nous ne consommons que l’inférence de nos modèles d’IA et non leurs entraînements. Cela nous permet de concilier durabilité, enjeux économiques et innovation ». 

Un déploiement placé sous le signe de l’expérimentation et de l’acculturation

Quatre heures suffisent à Roquette pour accéder à sa première ressource Azure OpenAI Service. S’en suit la création d’un groupe de test, puis le développement d’une plateforme qui simplifie l’accès aux large language models (LLM), inhérents au fonctionnement de l’IA générative. Quelques mois plus tard, le chatbot est expérimenté auprès d’un panel de 300 collaborateurs avant d’être étendu à toutes les entités du groupe à travers le monde. Rapide et efficace, le déploiement a volontairement été réalisé dans un mode infrastructure as code (« IaC »), afin de créer une solution et un environnement technologiques agiles et reproductibles. « Nous souhaitons être en mesure de faire les déploiements dont nous avons besoin en une seule ligne de commande » souligne Pierre-Louis Bescond. 

Dans le même temps, l’onboarding se structure, car si la prise en main de RoqGPT est intuitive, « il est important d’acculturer les employés à cette technologie, qu’il s’agisse des bonnes pratiques de sécurité ou de l’élaboration de prompts pertinents » analyse Mathieu Klimczak. Séminaires, ateliers pratiques, tutoriels vidéo… Tout est fait pour que chacun s’approprie pleinement l’outil, dans une logique de « self-service ». « Nos innovations s’accompagnent automatiquement d’une montée en autonomie et en compétences des équipes. C’est l’un des principes fondateurs de la transformation digitale de Roquette » complète Pierre-Louis Bescond. « L’intelligence artificielle, renforcée par l’arrivée de l’IA Générative, nous permet de continuer à créer de la valeur grâce à des solutions digitales innovantes, que ce soit dans un mode « Self-Service » à destination de tous les employés du Groupe Roquette ou à travers des solutions « métier » spécialisées. »

S’approprier l’IA : l’exemple des départements RH et Audit

De nombreux départements se sont emparés de l’application, à l’instar de la direction des ressources humaines : « RoqGPT nous assiste dans la rédaction de courriers, de descriptifs de postes, de fonctions, d’articles courts » détaille Océane Robin, Manager du centre de services partagés RH pour la France. En outre, les RH utilisent le chatbot pour reformater des données, produire des comptes-rendus de réunion et nourrir leur inventivité en matière d’animation et de cohésion d’équipe. 

Côté Audit, RoqGPT pourrait bien devenir l’allié des auditeurs. « Le service Audit Interne mène une vingtaine de missions par an dans les différents domaines de l’entreprise » commente Laurence Delecroix, auditrice interne corporate. Pour chacun de ces audits, il faut suivre une méthodologie composée d’étapes clés. Parmi elles se trouve la phase de préparation des missions (identification des risques, analyse des données, création du programme de travail). Laurence Delecroix a récemment testé l’IA générative pour l’une de ses missions. « RoqGPT fournit des pistes d’audit et d’identification des risques pertinents. RoqGPT permet de traiter ces informations dans un environnement sécurisé ce qui est indispensable dans le cadre de notre métier. » 

Faire place à la productivité, la créativité et l’humain

En peu de temps, le cap du millier d’utilisateurs a été franchi et des millions de tokens – des « actifs numériques » – sont générés quotidiennement par l’application. « Ces chiffres illustrent parfaitement l’adhésion autour du projet et l’impact positif de celui-ci sur le travail des équipes » constate Mathieu Klimczak. 

D’une manière plus générale, deux à quatre heures de productivité sont gagnées chaque semaine depuis la mise en service de RoqGPT. Les tâches à faible valeur ajoutée sont elles reléguées à la technologie, laissant plus de place à l’humain et à la créativité. « L’IA générative est source d’opportunités et de transformations. Ce qui nous donne davantage les moyens de nous concentrer sur l’humain » souligne Océane Robin, « elle libère des contraintes habituelles pour laisser libre cours à l’imagination » ajoute Pierre-Louis Bescond. 

De surcroît, RoqGPT renforce l’engagement des collaborateurs, fiers et motivés à l’idée de travailler avec un tel outil, tout comme il attise la curiosité de candidats potentiels : « Le fait que Roquette se positionne sur ce type de sujet accroît notre attractivité. C’est un formidable levier au service de notre marque employeur ». 

Vers de nouveaux horizons technologiques

Fort de ces premiers succès, l’avenir de RoqGPT s’annonce prometteur. Le programme ? Ajouter une fonctionnalité de génération d’images, intégrer les derniers modèles en date d’OpenAI, l’interrogation de corpus documentaires propriétaires à la volée, améliorer l’expérience utilisateur globale et développer un monitoring plus fin de la solution. 

« L’IA est un domaine en perpétuelle évolution, il est impossible de savoir à quoi ressembleront les technologies de demain. Charge à nous de bâtir une stratégie à la fois robuste et évolutive dans le temps » conclut Pierre-Louis Bescond.